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Jacques Boé ou Jasmin en occitan. 2014 sera l’occasion de fêter à Agen le 150ème anniversaire de sa disparition.


150ème anniversaire de la disparition de Jacques Boé dit Jasmin

Publié par occitan sur 17 Novembre 2013, 23:16pm

Catégories : #Jasmin

Appel aux Agenais et aux Occitans
L’année 2014 marquera pour Agen, le Lot-et-Garonne, la région Aquitaine, l’Occitanie, l’Europe et le monde, le 150ème anniversaire d’un des plus illustres parmi les illustres agenais, Jacques Boé dit Jasmin, le coiffeur-poète de langue occitane, le chantre du petit peuple des villes et de la campagne et le troubadour de la charité qui consacrait la recette de ses récitals de poésie extraordinairement populaires à de bonnes œuvres. Grâce à l’écrivain et journaliste Charles Nodier, il attira l’attention des grandes figures de la littérature française de l’époque comme Sainte-Beuve et Lamartine et même de la littérature américaine comme Longfellow qui transposa de manière très heureuse un de ses poèmes, l’avugla de Castelculièr. Il fut chaleureusement accueilli par les plus hautes autorités et le monde littéraire à Paris à l’époque du romantisme triomphant. Il pouvait aussi se prévaloir de l’amitié du grand Franz Liszt qu’il persuada de donner un récital au théâtre d’Agen durant lequel ce génie de la musique improvisa un morceau de piano à partir d’un des poèmes de Jasmin, Faribòla pastora.

Précurseur du Félibrige, le grand mouvement de renaissance de l’occitan impulsé par Frédéric Mistral, le poète provençal, futur prix Nobel de littérature (1904), Jasmin refusa, par orgueil, de rejoindre les félibres. Mistral ne lui en tint pas rancune puisque, six ans après sa mort, en 1870, lors de l’inauguration officielle de la statue de Jasmin, place Jasmin à Agen, il se déplaça tout exprès de Maillane dans sa Provence pour lui rendre publiquement hommage dans une ode composée pour l’occasion.

Cent cinquante ans après sa mort, que reste-t-il de Jasmin, l’homme, sa vie, son œuvre et sa langue ? Sylvain Dumon, autre agenais qui devait gravir les échelons de la politique pour devenir ministre de l’Instruction publique croyait constater avec une certaine condescendance que son compatriote Jasmin chantait l’avenir dans la langue du passé, l’avenir appartenant évidemment à la langue française. A quoi, Jasmin répliqua en langue du pays dans une lettre restée célèbre que : « lo puple fidèl a sa mai sarà gascon totjorn e francimand jamai.»

Malheureusement pour notre langue occitane, cette prédiction ne s’est pas entièrement réalisée. La langue de Jasmin n’est plus guère la langue de communication dans les artères de notre cité. Elle survit tant bien que mal à la campagne. Si l’instruction laïque et obligatoire en français, initiée par les lois de Jules Ferry, a représenté le progrès de la scolarisation de toute la population, elle s’est traduite en même temps par une tentative d’éradication des autres langues parlées sur le territoire de la République française que l’on ne peut qualifier autrement que de lingüicide. Le monolinguisme érigé en doctrine dans l’article 2 de la Constitution de la 5ème République française va à l’encontre du respect de la diversité linguistique que prônent l’ONU et la Charte européenne des langues régionales et minoritaires que la France a signée mais n’a toujours pas ratifiée. A Agen, ville où naquit notre poète, une partie de la population comprend encore et parle à l’occasion la langue de Jasmin comme nous avons pu le constater en animant, la Janseminada un parcours thématique bilingue, occitan-français, sur les lieux de la ville marqués par la vie et l’œuvre de Jasmin.

Le musée d’Agen, un des plus beaux de notre pays, possède une riche collection d’objets ayant appartenu à Jasmin mais, hélas, ils sont dans la réserve et inaccessibles au public. La botigòla, ancien salon de coiffure de Jasmin près du Gravier est hélas devenue le « Jasmin sushi bar » ! Visible aux yeux de tous, il ne reste que la statue de Jasmin sur la place Jasmin. A deux pas, se trouve le collège Jasmin où la langue du barde, notre langue l’occitan, n’est même pas enseignée. Nous ne nous résignons pas à cet oubli programmé. Nous menons un combat acharné pour faire vivre la mémoire de Jasmin et redonner à sa langue, l’occitan, la place qu’elle mérite chez nous, car nous sommes dans une période où les gens ont besoin de racines et de repères, ce qui n’est pas incompatible, bien au contraire, avec l’ouverture aux autres que suppose la mondialisation. Ce sont les futures générations qui reprendront le flambeau. Nous en voulons pour preuve l’existence d’une classe bilingue français-occitan dans une école primaire de la ville et l’ouverture à Agen d’une calandreta, école immersive en langue occitane.

En 1998, le deux centième anniversaire de la naissance de Jasmin avait été marqué par une soirée festive au théâtre d’Agen, un colloque universitaire au cours duquel avait été faite une communication sur Jasmin et Longfellow, et divers évènements dans le département. Au nom de l’association culturelle Agenés Tèrra occitana nous avons persuadé le maire d’Agen que la ville se devait de célébrer dignement le 150ème anniversaire de la disparition d’un des plus illustres de ses enfants. Nous avons mis au point un projet auquel nous voulons associer des partenaires multiples, la ville d’Agen, le conseil de quartier Jasmin, la Société académique, le Jasmin d’argent, la Maison de l’Europe, l’Inspection académique, le collège Jasmin, le Conseil Général de Lot-et-Garonne, la région Aquitaine ainsi que des sponsors privés. Comme notre association ne peut, à elle seule, financer cette opération, nous faisons des demandes de subvention ou de financement partiel dans un contexte économique particulièrement difficile pour trouver des aides pour de tels projets. Mais nous sommes enthousiastes et déterminés, convaincus que c’est un grand et beau projet auquel doivent adhérer les forces vives de l’Agenais et du pays occitan. Tous les Agenais et les Occitans doivent aussi se mobiliser pour nous aider à boucler le budget. Quelle que soit l’importance de votre contribution financière, elle sera la bienvenue. En nous aidant à réaliser ce projet, vous nous aiderez aussi à poursuivre notre action pour la reconquête de notre langue, sa resocialisation mais aussi pour la reconquête du pouvoir de décider chez nous. On entend souvent chez nous dans un contexte rugbystique le slogan : « fiers d’être agenais ». La langue occitane, comme le rugby font partie intégrante de notre mode de vie et de notre identité et nous devons tous en être fiers comme nous sommes fiers de Jasmin.
Pour Agenés Tèrra occitana
Le secrétaire
Jean-Pierre Hilaire

Cent cinquante ans après sa mort, que reste-t-il de Jasmin

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