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Jacques Boé ou Jasmin en occitan. 2014 sera l’occasion de fêter à Agen le 150ème anniversaire de sa disparition.


Au cimetière de Gaillard à Agen devant la tombe du poète occitan Jasmin

Publié par occitan sur 6 Octobre 2014, 20:13pm

Catégories : #Jasmin

Discours bilingue prononcé par Jean-Pierre Hilaire, secrétaire d'Agenés Tèrra occitana, le samedi 4 octobre au cimetière de Gaillard à Agen devant la tombe du poète occitan Jasmin à l'occasion du 150ème anniversaire de sa disparition, en présence Pierre Chollet, premier adjoint au maire d'Agen

Monsieur le premier adjoint, Mesdames et Messieurs, chers amis

L’année 2014 est à marquer d’une pierre blanche pour Agen, le Lot-et-Garonne, l’Aquitaine, l’Occitanie des Alpes aux Pyrénées, la France, l’Europe et j’ose le dire, le monde. Nous célébrons ce 4 octobre le 150ième anniversaire de la mort d’un des plus illustres parmi les illustres agenais, Jacques Boé, dit Jasmin, le perruquier-poète de langue occitane, le chantre du petit peuple des villes et de la campagne et le troubadour de la charité. Grâce à l’écrivain et journaliste Charles Nodier, Jasmin attira l’attention des grandes figures de la littérature française de l’époque comme Sainte-Beuve et Lamartine et même de la littérature américaine comme Longfellow qui transposa avec beaucoup de bonheur un de ses poèmes, l’aveugle de Castelculier. Il fut chaleureusement accueilli par les plus hautes autorités et le monde littéraire à Paris au temps du romantisme triomphant. Il pouvait se prévaloir également de l’amitié du grand Franz Liszt qu’il persuada de donner un récital au théâtre d’Agen pendant lequel ce génie de la musique improvisa un morceau au piano sur un des poèmes de Jasmin, Faribòla pastora.

Précurseur du Félibrige, le grand mouvement de renaissance de l’occitan impulsé par Frédéric Mistral, le poète provençal, futur prix Nobel de littérature (1904), Jasmin refusa, par orgueil, de rejoindre les félibres. Mistral ne lui en tint pas rigueur puisque, six ans après sa mort, en 1870, pour l’inauguration officielle de la statue de Jasmin, place Jasmin à Agen, il vint tout exprès de sa Provence  pour lui rendre publiquement hommage dans une ode célèbre.

Cent cinquante ans après sa mort, que reste-t-il de Jasmin, l’homme sa vie, son œuvre et sa langue? Sylvain Dumon, autre agenais, que devait gravir les échelons de la politique pour devenir ministre des travaux publics, croyait constater avec une certaine condescendance que son compatriote Jasmin chantait l’avenir dans la langue du passé, l’avenir appartenant évidemment à la langue française. A cela, Jasmin répondit dans la langue du pays par une lettre demeurée fameuse : « lo puble fidèl a sa mai sarà gascon totjorn e francimand jamai.(le peuple fidèle à sa mère sera gascon toujours et français jamais»

Malheureusement pour notre langue occitane, cette prédiction n’est pas devenue réalité. La langue de Jasmin n’est pas la langue de communication dans les rues de notre ville. Elle survit comme elle peut à la campagne. Même si l’instruction laïque et obligatoire en français initiée par les lois  de Jules Ferry, ont représenté le progrès de la scolarisation de toute la population, elles ont été en même temps une tentative d’éradication des autres langues parlées sur le territoire de la République française que nous ne pouvons pas appeler d’un autre nom que linguicide.

Le monolinguisme défini comme doctrine dans l’article 2 de la Constitution de la 5ième République française va à l’encontre du respect de la diversité linguistique affirmé par l’ONU et de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires que la France a signée mais n’a pas encore ratifié. A Agen, ville où naquit notre poète, une partie de la population comprend encore et parle à l’occasion la langue de Jasmin comme nous avons pu le constater en animant la Janseminada, un parcours thématique bilingue, occitan-français, dans les lieux de la ville marqués par la vie et l’œuvre de Jasmin.

Le musée d’Agen, un des plus beaux de notre pays, possède une riche collection d’objets ayant appartenu à Jasmin mais la langue occitane n’est pas une affaire de musée. La botigòla, ancien salon de coiffure de Jasmin proche du Gravier, est devenu le « Jasmin sushi box », symbole d’une mondialisation sans racines ! Visible aux yeux de tous, il ne reste que la statue de Jasmin sur la place Jasmin. A proximité, se trouve le collège Jasmin où la langue du barde, notre langue l’occitan, n’est même pas enseignée. Nous, occitanistes, nous ne nous résignons pas à cet oubli programmé.

Nous menons une lutte acharnée pour faire vivre la mémoire de Jasmin et redonner à sa langue, l’occitan, la place qu’elle mérite chez nous car nous sommes dans une période où les gens ont besoin de racines et de repères. Ce n’est pas incompatible avec l’ouverture aux autres que suppose la mondialisation. Ce sont les générations futures qui reprendront le flambeau. Nous en voulons pour preuve l’existence d’une classe bilingue occitan-français dans une école primaire de la ville et de la calandreta « Jansemineta », école immersive en langue occitane bien aidée par la ville.

A Agenès Tèrra Occitana nous sommes fiers de ce que nous avons organisé cette année pour honorer Jasmin comme il le mérite.

La conférence de Rémy Constans sur Jasmin et la Garonne et celle de Jacques Clouché sur Jasmin et la Société Académique du 4 juin à l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen.

-          La conférence sur la vie de Jasmin le 13 juin au Centre Culturel par Jacques Clouché.

-          L’inauguration officielle de la plaque rénovée de la Société académique sur la façade de la botigòla avec un discours de Laurence Maioroff au nom de la municipalité et de Jean Rigouste pour l’Escòla de Jansemin. Tout cela accompagné par les chants occitans de la chorale « Andante » de Bon Encontre.

Bien sûr, le spectacle « Le mystère Jasmin » créé par le groupe OC avec la collaboration du ténor Christian Moulié, de Marceau Esquieu, et d’Eric Roulet et joué au théâtre Ducourneau le soir fut le couronnement des hommages à Jasmin.

Il avait été préparé par une campagne de publicité sans précédent et par la mise à l’heure de Jasmin de l’Office du Tourisme d’Agen.

Il ne faudrait pas oublier non plus  la “Janseminada” (parcours thématique autour de la vie et de l’œuvre de Jasmin), du 14 juin animée musicalement par le groupe Gric de Prat.

On sait que Jasmin était croyant et pratiquait ola charité. Il fallait donc l’honorer aussi par une messe en occitan à la cathédrale d’Agen, dite par le passionné abbé Passerat avec la participation du ténor Christian Moulié, de la chorale occitane Gadaloc et de l’organiste de la cathédrale, Jérôme Chabert. Ce fut un admirable moment d’émotion partagée grâce aux chants, à la musique et à la chorale. Quand on chante avec Christian Moulié, on se sent tous chanteurs d’opéra. Dans notre pays du bien vivre, nous ne pouvions faire autrement que de terminer les festivités par un banquet où nous bûmes la bonne cuvée Jasmin du vin du Bruilhois.

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour dire que Jasmin est vivant. Demain, il vous faut aller à l’église Saint Hilaire à 16 heures pour écouter Chants de Garonne de JF Gardeil chanter la poésie de Jasmin. La fête se prolongera les 7, 8 et 9 novembre à Vergt en Périgord. Vous ne savez peut-être pas que le clocher de l’église de Vergt fut construit grâce à la générosité de Jasmin sollicité par l’abbé Masson. Le programme vous sera communiqué. Pourquoi ne pas créer un jumelage entre Vergt et Agen autour de Jasmin?

L’an prochain pour le Pruneau show, nous proposons de faire rejouer sur la place de la mairie “le mystère Jasmin” pour les nombreux agenais qui l’ont manqué. Ce serait la preuve que la ville d’Agen  prend Jasmin et l’occitan au sérieux  et que l’engagement du maire d’Agen candidat à sa réélection en mars dernier:

“La ville d’Agen continuera de promouvoir par tous les moyens appropriés (notamment la nomination d’une personne ressources) la langue et la culture occitane qui font partie de son identité.” n’est pas fait de paroles creuses. Nous y croyons. Plût au ciel que nous ne soyons pas déçus !

Nous entendons souvent chez nous, dans un contexte rugbystique, le slogan: « fiers d’être agenais». La langue occitane, comme le rugby font partie intégrante de notre façon de vivre e de notre identité et nous devons tous en être fiers comme nous sommes fiers de Jasmin et reconquérir cette langue. Les descendants de Jasmin nous ont honorés de leur présence. Il faut nous montrer dignes de leur ancêtre en donnant une place digne à sa langue, notre héritage, notre langue.

Peut-être que, grâce aux générations nouvelles, l’occitan deviendra une langue d’avenir pour faire mentir Sylvain Dumon dans un pays occitan qui choisit d’affirmer son identité et n’en demeure pas moins ouvert aux autres.

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Monsur lo primièr adjunt, Dònas e Sénhers, cars amics

L’annada 2014 es de marcar d’una pèira blanca per Agen, Òlt e Garona, la region Aquitània, Occitània dels Alps als Pirenèus, França, Euròpa e o gausi dire, lo monde. Celebram aqueste 4 d’octòbre lo 150en aniversari de la mòrt d’un dels mai illustres demest los illustres ageneses, Jacme Boé dich Jansemin, lo perruquièr-poèta de lenga occitana, lo cantoral del pichon pòble de las vilas e del campèstre e lo trobador de la caritat que consacrava la recèpta de sos recitals de poësia extraordinàriament populars a d’òbras bonas. Gràcias a l’escrivan e jornalista Charles Nodier, Jansemin ganhèt l’atencion de las grandas figuras de la literatura francesa de l’epòca coma Sainte-Beuve e Lamartine e quitament de la literatura americana coma Longfellow que transpausèt d’un biais plan capitat un de sos poèmas, l’avugla de Castelculièr. Foguèt calorosament aculhit per las autoritats mai nautas e lo monde literari a París del temps del romantisme triomfant. Se podiá tanben prevaler de l’amistat del grand Franz Liszt que persuadèt de donar un recital al teatre d’Agen pendent loqual aquel engèni de la musica improvisèt una pèça de piano partent d’un dels poèmas de Jansemin, Faribòla pastora.

Precursor del Felibritge, lo grand movement de renaissença de l’occitan engimbrat per Frederic Mistral, lo poèta provençal, futur prèmi Nobel de literatura (1904), Jansemin refusèt, per orgulh, de rejónher los felibres. Mistral n’aguèt pas rencura estant que, sièis ans aprèp sa mòrt, en 1870, pendent l’inauguracion oficiala de l’estatua de Jansemin, plaça Jansemin a Agen, venguèt especialament de Malhana dins sa Provènça  per li rendre publicament omenatge dins una òda compausada a aquela ocasion.

Cent cinquanta ans aprèp sa mòrt, que demòra de Jansemin, l’òme, sa vida, son òbra e sa lenga? Silvan Dumon, autre agenés, que deviá montar los escalons de la politica per venir ministre de l’Instruccion publica, cresiá constatar amb una cèrta condescendéncia que son conteiral Jansemin cantava l’avenir dins la lenga del passat, l’avenir apertenent evidentament a la lenga francesa. A aquò, Jansemin respondèt dins la lenga del país dins una letra demorada famosa : « lo puble fidèl a sa mai sarà gascon totjorn e francimand jamai.»

Malurosament per nòstra lenga occitana, aquela prediccion es pas venguda realitat. La lenga de Jansemin es pas la lenga de comunicacion dins las carrièras de nòstra ciutat. Subreviu coma pòt pel campèstre. Emai l’instruccion laïca e obligatòria en francés, iniciada per las leis  de Jules Ferry, aguèsse representat lo progrès de l’escolarizacion de tota la populacion, foguèt al meteis temps un ensag d’eradicacion de las autras lengas parladas sul territòri de la Republica francesa que podèm pas apelar d’un autre nom que  lingüicidi. Lo monolingüisme definit coma doctrina dins l’article 2 de la Constitucion de la 5ena Republica francesa va contra lo respècte de la diversitat lingüistica afortida per l’ONU e la Carta europèa de las lengas regionalas e minoritàrias que  França signèt mas a pas encara ratificada. A Agen, vila ont nasquèt nòstra poèta, una partida de la populacion compren encara e parla de còps la lenga de Jansemin coma o avèm pogut constatar en animant la Janseminada, un percors tematic bilingüe, occitan-francés, dins los lòcs de la vila marcats per la vida e l’òbra de Jansemin. Lo musèu d’Agen, un dels mai bèls de nòstre país, possedís una rica coleccion d’objèctes que apertenián a Jansemin mas la lenga occitana es pas un afar de musèu. La botigòla, ancian salon de cofadura de Jansemin pròche del Gravièr, es vengut « Jasmin sushi box », simbòl d’una mondializacion sens rasigas ! Vesible als uèlhs de totes, demòra sonque l’estatua de Jansemin sus la plaça Jansemin. A costat, se tròba lo colègi Jansemin ont la lenga del barde, nòstra lenga l’occitan, es quitament pas ensenhada. Nosautres occitanistas nos resignam pas a aqueste oblit programat. Menam una lucha acarnassida per far viure la memòria de Jansemin e tornar donar a sa lenga, l’occitan, la plaça que s’amerita en çò nòstre, que sèm dins un periòde ont la gent an besonh de rasigas e d’amiras, çò qu’es pas incompatible, al contrari, amb la dobertura als autres que supausa la mondializacion. Son las generacions venentas que tornaràn prene lo flambèl. Ne volèm per pròva l’existéncia d’una classa bilingüa francés-occitan dins una escòla primària de la vila e la calandreta “Jansemineta”, escòla immersiva en lenga occitana plan ajudada per la vila.

A Agenès Tèrra Occitana sèm fièrs de çò qu’avèm organizat ongan per onorar Jansemin coma o merita.

La conferéncia de Rémy Constans sus Jansemin e Garona e la de Jacques Clouché sus Jansemin e la Societat Academica del 4 de junh a l’Academia de las Sciéncias, Letras e Arts d’Agen

La conferéncia sus la vida de Jansemin lo 13 de junh al Centre Cultural per Jacme Clouché.

 Lo metéis jorn, l’inauguracion oficiala de la placa renovada de la Societat Academica sus la paret de la botigòla amb un discors de Laurence Maioroff al nom de la comuna e de Joan Rigosta per l’Escòla Jansemin. Tot aquò acompanhat de cants occitans per  la corala « Andante » de Nòstra Dama de Bon Encontre.

Plan segur l’espectacle « Lo mistèri Jansemin » creat pel grop OC amb la collaboracion del tenòr Christian Moulié, de Marcèu Esquieu, e d’Eric Roulet e jogat al teatre Ducourneau lo ser foguèt lo coronament dels omenatges a Jansemin.

Era estat preparat per una campanha de publicitat sens precedent e la mesa a l’ora de Jansemin de l’Ofici del torisme d’Agen.

Caldriá pas oblidar tanpauc la “Janseminada” (percors tematic a l’entorn de la vida e de l’òbra de Jansemin), del 14 de junh animada musicalament pel grop Gric de Prat.

Se sap que Jansemin èra cresent e practicava la caritat. Lo caliá donc onorar tanben per una messa en occitan a la catedrala d’Agen dicha per l’afogat abat Passerat amb la participacion del tenòr Christian Moulié, de la corala occitana Gadaloc e de l’organista de la catedrala, Jérôme Chabert. Foguèt un remirable moment d’emocion partejada gràcias als cants e a la música e a la corala Gadalòc. Quand cantam amb Christian Moulié, nos sentissem totes coma de cantaires d’opera. Dins nòstre país del plan viure, podiam pas far autrament que d’acabar las festivitats per una taulejada ont se bevèt la bona tinada Jansemin del vin del Brulhès. Uèi sèm aici reunits per dire que Jansemin es vivent. Doman, vos caldrà anar a la glèisa Sent Ilari a 4 oras del vèspre per escotar Cants de Garona de JF Gardeil cantar la poesía de Jansemin. La fèsta s’esperlongarà lo 7,8 e 9 de novembre a Vergt en Peirigòrd. Sabètz benlèu pas que lo cloquièr de la glèisa de Vergt foguèt bastit gràcias a la generositat de Jansemin solicitat per l’abat Masson. Lo programa vos serà comunicat. Perqué pas crear un bessonatge entre Vergt e Agen a l’entorn de Jansemin?

L’an que ven pel Pruneau show, prepausam de far jogar tornarmai sus la plaça de la comuna “lo mistèri Jansemin” pels nombroses ageneses que l’an mancat. Seriá la pròva que la vila d’Agen pren Jansemin e l’occitan al seriós e que l’engatjament del conse d’Agen candidat a sa reeleccion en mars passat:

“La vila d’Agen contunharà de promòure per totes los mejans apropriats (mai que mai la nominacion d’una persona ressorças) la lenga e la cultura occitana que fan partida de son identitat.” son pas de paraulas bufècas. I cresèm. Baste foguèssem pas decebuts !

Entendèm sovent en çò nòstre,dins un contèxte rugbistic, l’eslogan : « fièrs d’èstre ageneses ». La lenga occitana, coma lo rugbí fan partida cap e tot de nòstre biais de viure e de nòstra identitat e ne devèm totes èstre fièrs coma sèm fièrs de Jansemin e la reconquistar. Los descendents de Jansemin nos an onorat de lor preséncia. Nos cal mostrar dignes de lor aujòl en donar una plaça digna a sa lenga, nòstre eiretatge, nòstra lenga.

Benlèu que gràcias a las generacions novèlas, l’occitan vendrà una lenga d’avenir per far mentir Silvan Dumon dins un país occitan que causís d’afortir son identitat e pasmens demòra dobèrt als autres.

Discours bilingue prononcé par Jean-Pierre Hilaire en présence de Pierre Chollet, premier adjoint au maire d'Agen

Discours bilingue prononcé par Jean-Pierre Hilaire en présence de Pierre Chollet, premier adjoint au maire d'Agen

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