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Jacques Boé ou Jasmin en occitan. 2014 sera l’occasion de fêter à Agen le 150ème anniversaire de sa disparition.


Jasmin dans la presse locale

Publié par occitan sur 6 Janvier 2014, 09:35am

Catégories : #Presse

Sur La Dépêche du Midi mais aussi sur le Petit Bleu, 2014 sera l'année Jasmin.

Jasmin, écrivain boutiquier, exerçait la fort noble profession de coiffeur (perruquier). Les nombreux clients dont il rafraîchissait les cheveux lui racontaient moult histoires. Dans ce terreau naturel, il puisa abondamment et restitua l’âme populaire sous forme de poèmes et de contes rimés. Si, excepté à Agen, Jasmin est oublié aujourd’hui, ce ne fut pas le cas de son temps. George Sand, qui vécut en Albret, lui chipa même une de ses histoires. Elle ne fut pas la seule. Michelet, l’historien, lui vola «Françounetto». La sorcière, de Michelet, c’est du Jasmin pur sucre.
Elle trouble les esprits

Mais qui est «Françounetto» qui intéressait tant d’écrivains ? C’est une jeune fille, fort belle et fort bien faite qui vit dans un minuscule hameau, proche de Roquefort. Ses parents sont agriculteurs. Elle est belle, la gamine. Pulpeuse, presque. Mais elle le sait et tous les jeunes mâles du voisinage ne regardent qu’elle lors des soirées festives qui composaient le seul loisir de l’époque. Des châtaignes, du vin blanc, un violoneux ou un accordéoniste et la campagne dansait. Nous dirions aujourd’hui que tous les garçons la badaient !
> Mais si «Françounetto» perturbe les corps, elle trouble aussi grandement les esprits. Tous les garçons de la contrée sont amoureux d’elle. Amoureux au point qu’ils se languissent et ne vont plus au champ. Du côté de Roquefort, ça commence à jaser. Pensez donc ! Voilà une délurée qui rend frappadingues tous les gaillards du coin. Le jour de la Saint-Jacques, c’est la fête à Roquefort et tous les jeunes gens badent la «Françounetto» comme s’ils admiraient la plus belle merveille du monde. Deux d’entre eux se battent pour elle. La petite pourtant n’en aime qu’un. Il s’appelle Pascal. C’est le forgeron du pays. Un beau garçon, très solide. Dans le combat qui l’oppose à son concurrent, Pascal, fort de cette préférence qu’il lit dans les yeux de la jeune fille, semble l’emporter. Las, au dernier moment, il se fait une forte entaille au bras.
Sorcière

Déjà que la «Françounetto» troublait les têtes, voilà maintenant qu’elle coupe les bras. Indirectement, certes, mais ça fait jaser encore plus et la rumeur enfle. La mère de Pascal, voyant son fils ainsi diminué, commence elle aussi à colporter la future réputation de la «Françounetto». C’est une sorcière qui a perturbé mon fils. Une pousouère comme on dit du côté de Garonne. À cause d’elle, il ne peut plus travailler. Après l’automne des palombes vient Noël avec, dans la semaine qui précède, la ronde incessante et quotidienne des veillées.

Lors de l’une de ces soirées, le fils d’un riche laboureur de Brax veut, comme les autres, s’attirer les faveurs de «Françounetto». Il joue avec elle à cache-couteau. C’est «Françounetto» qui le cache. Où ? Mais dans son corsage, pardi ! Et le garçon la poursuit pour récupérer l’outil ; il court derrière elle. Trop vite. Las ! Il tombe et se casse le bras.
> Et de deux. Après Pascal, c’est le tour du laboureur. Deux bras perdus pour une seule fille, ça fait vraiment beaucoup ! Trop. Alors la pauvre «Françounetto» se met à douter. Ne porterait-elle pas le mauvais œil ? Un sorcier assure qu’elle est parpaillote. Quasiment païenne. Son père a disparu. Sa grand-mère était hérétique, assure-t-il. Cathare peut-être… Ce qui implique que la petite est forcément maléfique. C’était le signe qui manquait. «Françounetto» est vraiment une sorcière.
Certains veulent la brûler vive

Alors la grande curée commence. On se souvient que l’an dernier, il y avait eu orage et grêle et que toutes les récoltes du village avaient été détruites. Toutes sauf celles de «Françounetto» et de sa grand-mère. Sorcière on vous dit. Dès lors, on la boycotte. On n’ose pourtant pas s’attaquer à elle directement. Courageux, les superstitieux, mais pas téméraires !

La fillette, troublée jusqu’au fond de l’âme, habitée par le doute et la crainte, va prier tous les jours car, comme les autres, elle commence à se persuader qu’elle porte maléfice. Tous la rejettent. Tous sauf Pascal, pourtant. Le forgeron qui s’était coupé au bras en se battant pour elle l’aime toujours. Il n’empêche, certains veulent la brûler vive. Pascal s’y oppose et l’épouse. À l’issue de la cérémonie, «Françounetto» offre des morceaux rituéliques de galette aux invités. Personne n’en veut. Chacun attend la nuit de noce. On sait, on en est sûr, Pascal va y passer. On ne fornique pas impunément avec le diable.

Et c’est vrai qu’il y passe… mais seulement dans les bras de la jeune fille. Le matin, il est gaillard comme un pinson. Il n’est pas mort. Il est même très heureux. Alors on mange les morceaux de galette. La «Françounetto» n’est pas une sorcière. On vient d’en avoir la preuve.

Jasmin, le bon poète agenais, était un vrai sentimental ! On ne sait pas si les habitants du coin, qui ont dit tant de mal de la «Françou», ont demandé pardon. Mais Jasmin lui a donné la gloire.
(Prochain article, «Les Chiens du liège»)

La Dépêche du Midi

Jasmin, écrivain boutiquier, exerçait la fort noble profession de coiffeur
Jasmin, écrivain boutiquier, exerçait la fort noble profession de coiffeur

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